Des petites tours Eiffel à la grande dame de fer

16 octobre 2010

Des petites tours Eiffel à la grande dame de fer

Ils viennent de maghreb, d’Afrique de l’ouest, voire d’Europe de l’Est. Ils n’ont pas droit de s’y approcher. Pourtant, ils sont là. Près d’elle. « Ils » ? Ce sont tous ces débrouillards, vendeurs des tours Eiffel en miniature. Et « elle », c’est  la Tour Eiffel de Paris, la vraie.

Djabi, 24 ans, fait partie du groupe. Il parle approximativement le français même s’il vient du Sénégal. Un pays pourtant francophone. Son terrain, c’est plutôt le wolof. Il est dans son métier depuis six bonnes années déjà. « Moi, je suis entré en Europe par l’Italie. C’est aussi là que j’ai commencé à vendre de petits trucs pour les touristes avant de venir en France » me confie-il.

Apparemment,  mon interlocuteur n’est pas tranquille. Je le sens et je le lui dit. « C’est parce que je dois rester vigilant. Si les flics démarquent ici, je dois emballer mes effets et fuir. Sinon, je serai dans la merde » m’explique-t-il, son regard allant dans tous les sens. On aurait cru qu’il suivait une partie de tennis au Roland Garros.

Dans l’entretemps, il passe des « bonjours » et des « hello » bien gentils à des visiteurs de la dame de fer qui passent devant ses marchandises. Il les a placées presqu’en dessous de la Tour Eiffel, question de bien attirer sa clientèle. « C’est dur, dur vraiment ici. Mais, c’est ce qui me permet de vivre en France » concède-t-il avant de renchérir : « Les ventes dépendent des jours. Certains jours, je rentre avec plus 30 euros de bénéfice mais ce n’est pas le cas tous les jours. La vie est donc dure ici. »

Une cliente s’approche. « 15 euros, 10 euros, 5 euros… voilà prix, madame. Bon pour souvenir Paris, madame » argumente Djabi qui a remarqué que sa cliente ne parlait pas la langue de Molière. Malheureusement, il n’aura pas le temps de la convaincre. Ses amis donnent déjà le signal de SOS : « Djabi, Djabi ! » Aussitôt les petites tours sont vite emballées. Les policiers approchent. Djabi et ses amis s’en vont. Quand le chat se pointe, les souris s’éclipsent, dirait-on.

[youtube FrZetZKoSzY]

 

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Commentaires

Boukari Ouédraogo
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Si les policiers l'avaient arrêté, ils n'auraient fait que leur travail. On a toujours tort quand on est en situation irregulière. Mais le problème, c'est depuis le pays. Aucune initiatve pour retenir ceux qui voient l'Europe comme un Eldorado.