Trésor Kibangula

Des petites tours Eiffel à la grande dame de fer

Ils viennent de maghreb, d’Afrique de l’ouest, voire d’Europe de l’Est. Ils n’ont pas droit de s’y approcher. Pourtant, ils sont là. Près d’elle. « Ils » ? Ce sont tous ces débrouillards, vendeurs des tours Eiffel en miniature. Et « elle », c’est  la Tour Eiffel de Paris, la vraie.

Djabi, 24 ans, fait partie du groupe. Il parle approximativement le français même s’il vient du Sénégal. Un pays pourtant francophone. Son terrain, c’est plutôt le wolof. Il est dans son métier depuis six bonnes années déjà. « Moi, je suis entré en Europe par l’Italie. C’est aussi là que j’ai commencé à vendre de petits trucs pour les touristes avant de venir en France » me confie-il.

Apparemment,  mon interlocuteur n’est pas tranquille. Je le sens et je le lui dit. « C’est parce que je dois rester vigilant. Si les flics démarquent ici, je dois emballer mes effets et fuir. Sinon, je serai dans la merde » m’explique-t-il, son regard allant dans tous les sens. On aurait cru qu’il suivait une partie de tennis au Roland Garros.

Dans l’entretemps, il passe des « bonjours » et des « hello » bien gentils à des visiteurs de la dame de fer qui passent devant ses marchandises. Il les a placées presqu’en dessous de la Tour Eiffel, question de bien attirer sa clientèle. « C’est dur, dur vraiment ici. Mais, c’est ce qui me permet de vivre en France » concède-t-il avant de renchérir : « Les ventes dépendent des jours. Certains jours, je rentre avec plus 30 euros de bénéfice mais ce n’est pas le cas tous les jours. La vie est donc dure ici. »

Une cliente s’approche. « 15 euros, 10 euros, 5 euros… voilà prix, madame. Bon pour souvenir Paris, madame » argumente Djabi qui a remarqué que sa cliente ne parlait pas la langue de Molière. Malheureusement, il n’aura pas le temps de la convaincre. Ses amis donnent déjà le signal de SOS : « Djabi, Djabi ! » Aussitôt les petites tours sont vite emballées. Les policiers approchent. Djabi et ses amis s’en vont. Quand le chat se pointe, les souris s’éclipsent, dirait-on.

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L’Europe : Eldorado de la jeunesse africaine !

« Je ne mourrai jamais sans voir l’Europe ». « C’est l’Europe ou rien ». Beaucoup de jeunes africains se reconnaîtront dans ces phrases. Et certains sont prêts à tout pour y arriver. Longues marches dans le Sahara, la traversée de la Méditerranée par la nage, se faire des marchandises des passeurs, rien ne les arrête pourvu qu’ils atteignent le « Nord », paradis de leur rêve !

Depuis trois semaines pourtant, je suis arrivé à Lille, dans le Nord – Pas-de-Calais en France, pour étudier. J’arrive droit de Kisangani, en République Démocratique du Congo. Mais, est-ce qu’on distribue des petits pains ici à tout nouveau venu ? Non. Au contraire. « C’est une société capitaliste, la compétition est la règle et chacun cherche son profit d’abord », me confie Marine, ma voisine française à la résidence universitaire.

Pis, le long de la rue Béthune, je croise, chaque matin, des clochards et des mendiants. « Ceux-là sont des Français mais ils n’ont pas de domicile fixe. Ils dorment tantôt dans les stations de métro, tantôt devant les boutiques de particuliers », m’affirme Toni, un ami suisse, inscrit à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille. De l’autre côté de la même rue, on peut facilement observer certains ressortissants de Balkans…en train de mendier.

Plus loin, à la Grand Place de Lille, j’ai vu des choses. Un Français d’une vingtaine d’années, sac au dos, s’approche de moi et me dit d’une voix basse : « Monsieur, je suis en difficulté. J’ai besoin de quelques centimes pour … manger ». Je n’en reviens pas. Après moi, il passe à une autre personne, puis, finalement, à toutes celles qu’il croise. Et avec toujours son même discours.

Quelques pas plus loin, j’arrive à la Gare Lille Flandres. J’ai pitié lorsque je vois cette vieille femme, amaigrie, cherchant de mégots de cigarettes par terre. Ce côté face de l’Europe contraste fort avec l’idée que beaucoup se font du vieux continent ! En tout cas, bien qu’elle soit si organisée et si attractive, l’Europe est encore loin d’être un paradis. Un paradis tel que s’imaginent tous ces immigrants clandestins qui risquent leurs vies tous les jours en Afrique. En quête du « bonheur ».


Avec vos livres, cd ou dvd, contribuez à un monde plus juste

Depuis trois ans déjà, Oxfam France a ouvert à Lille sa première bouquinerie. Les particuliers offrent des livres, cd ou dvd à l’association, qui les met en vente. Les recettes renforcent les actions de lutte contre les inégalités et la pauvreté dans le monde.

Un petit geste qui compte

« Donnez du sens à vos achats ! » L’appel est affiché à l’entrée de la bouquinerie Oxfam, rue de l’hôpital militaire. Des livres sont rangés sur des palettes à l’extérieur de la boutique. Des étiquettes de prix attractifs aussi.

Des curieux et des clients habitués répondent présents. Les premiers sont plus attirés par les prix des articles, les seconds sont conscients de leur geste. Lara et Chela, 18 ans chacune, découvrent la bouquinerie. « Nous étions de passage. Nous en profitons pour nous nous procurer quelques romans à moindre prix », avancent-elles. Paul est un client motivé d’abord par la solidarité. Il explique :

« Je rapporte de temps en temps des choses qui ne servent plus à la maison, sachant qu’elles seront utiles à d’autres personnes. Au lieu de les vendre seulement à la braderie, on peut les donner à Oxfam et participer ainsi au financement de cette association de solidarité internationale

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Clémence Berlingen, la chargée de communication de la bouquinerie de Lille décrit la démarche d’Oxfam France :

« La bouquinerie propose la vente des livres, cd et dvd d’occasion. La recette de ces ventes va directement au financement des activités de l’association. Celle-ci articule ses modes d’action autour des activités de plaidoyer, c’est-à-dire des pressions auprès de décideurs politiques pour que des décisions soient prises sur le long terme. Oxfam France mène aussi des activités de sensibilisation et de mobilisation des citoyens autour de la problématique de solidarité internationale. L’association s’oriente plus particulièrement sur trois thématiques principales : l’accès à la santé et l’éducation pour tous, la sécurité des populations en zone de conflit et l’instauration des règles commerciales plus justes.»

Pour l’année 2009, la bouquinerie a rapporté 26 813 euros à l’association. Clémence Berlingen précise que ce gain a « renforcé l’indépendance financière de l’association et l’a fait connaître auprès du public. » Avec cette autonomie financière, Oxfam poursuit, en toute indépendance, son combat de lutte contre les inégalités et la pauvreté, avec ses partenaires implantés dans 99 pays à travers le monde. 

Un livre, un cd ou un dvd donné ou acheté à la bouquinerie n’a donc pas la même valeur que le même article acheté à la braderie ou au supermarché. Il sert à soutenir une cause : l’instauration d’un monde plus juste.


Michael Jackson : le roi est mort, vive le roi !

Le 25 juin 2009, le roi de pop s’est éteint. Sa musique et tout son style continuent à inspirer plusieurs artistes. Jeunes talents ou artistes renommés, beaucoup tentent d’immortaliser Michael Jackson dans leurs oeuvres. Des Congolais aussi se prennent au jeu.

Innocent Balume, 13 ans, a été élu Vodacom super star 2010. Tout au long de cette compétition sponsorisée par Akon, ce jeune de la ville de Goma a émerveillé des millions de téléspectateurs par ses pas de danse à la Michael Jackson.

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Plébiscité concert de l’année 2009 en République Démocratique du Congo, le spectacle de Cultur’a pays vie de Félix Wazekwa à Olympia de Paris marque encore les esprits. Son show dominé par le sebene congolais certes a également emprunté une touche chorégraphique et vestimentaire du king of pop.

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Et dans son récent opus, Félix Wazekwa réserve même toute une séquence d’au revoir à Michael Jackson. Au delà de tous ses surnoms (Monstre d’amour, Kabange, Mukuwa cerveau, …), l’artiste est désormais considéré par ses fans comme le Michael Jackson congolais.

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Lille : 14 ans de manifestation pour les papiers !

Photo : https://francaisdefrance.files.wordpress.com, un site de l’extrême droite

Depuis le 23 août 1996, chaque mercredi de la semaine, le comité de sans papiers organise une manifestation sur la place de la République, entre 18 heures et 18 heures 30. Pour les défenseurs de sans papiers, cette manifestation « traditionnelle » du mercredi est devenue à la fois un devoir et surtout l’expression de leur combat de tous les jours, sinon de toute leur vie. Moi aussi, je les ai croisés hier.

Le mercredi 23 septembre 2010, ils n’ont pas dérogé à la tradition. Ils ont répondu présents. Calicot à la main, ils chantaient et passaient leurs revendications, sous le regard indiscret de quelques policiers déployés pour prévenir les débordements éventuels.

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J’ai croisé Roland Diagne. Il est enseignant. Depuis 14 ans, il chapeaute le mouvement de sans papiers de Lille dont il en est le porte-voix, le porte parole. A ses yeux, cette manifestation du mercredi se veut une réponse à la politique du gouvernement français en matière d’immigration.

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En principe, cette manifestation doit être autour de sa 732e édition, organisée par la même organisation pour la même cause. J’hallucine… D’emblée, j’ai l’impression que leurs messages n’arrivent jamais aux destinataires. Cela justifierait peut-être la « perpétuation » de cette marche hebdomadaire. Ai-je raison ? Apparemment non.

Même s’il cherche ses mots pour qualifier la nature de ce combat, Roland Diagne garde en mémoire certaines victoires remportées : des régularisations et des naturalisations. Il avoue que ce combat est encore plus âpre aujourd’hui puisqu’hier. Il pointe du doigt accusateur Nicolas Sarkozy et son gouvernement.

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