Trésor Kibangula

De Kisangani à Lorient : une remise en cause culturelle

 En arrivant à Lorient, en plein festival interceltique, un Africain comme moi qui débarque pour la première fois en France ne peut qu’être surpris. Surpris de voir qu’en Bretagne, les traditions conservent encore leur valeur historique. Les danses et les costumes traditionnels, les kilts identitaires, la cornemuse, la grande parade celte… tout contraste avec sa conception de la société occidentale. Une société vue de chez lui comme celle de la rupture avec le « côté traditionnel » des choses. 

Ce qui reste de manif coutumière au Congo

Je m’appelle Trésor Kibangula. Je viens de Kisangani, dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Avec 9 autres étudiants étrangers de l’Esj-Lille, je découvre le festival. Que de surprises ! Mon appréhension d’un monde occidental tourné résolument vers la modernité est remise en question. Je vois les Celtes faire la promotion de leurs us et coutumes au grand jour alors qu’en Afrique, les missionnaires ont exhorté nos aïeux à abandonner les leurs. Conséquence : certains rites traditionnels africains sont bannis et certaines « églises » s’en mêlent pour les qualifier de « sorcellerie.»  

Au festival interceltique de Lorient

Ici, Bretons, Ecossais, Acadiens, Irlandais ou Galiciens éprouvent toujours une fierté pour leur culture. Là-bas, au Congo par exemple, au nom de l’évolution ou de la modernité, les cultures locales passent pour « dépassées » ou anachroniques. Trop peu de manifestations sont prévues pour mettre en valeur la richesse culturelle d’un grand pays regorgeant près de 500 tribus. Par exemple, seuls les chefs coutumiers portent encore des habits traditionnels. La mode a pris le dessus.  

Pour l’heure, je me contente de danser avec les festivaliers aux sons rythmés de la cornemuse celte. Avec espoir qu’un jour, un festival de ce type sera organisé chez moi, mettant en valeur la diversité culturelle du Congo.


« Le journalisme doit prendre en compte le numérique »

Journaliste au départ, Emmanuel Vandamme se retrouve actuellement de plein pied dans le numérique. Il occupe le poste de directeur du pôle numérique de l’Ecole supérieur de journalisme de Lille. Que reste-t-il alors du journaliste dans l’homme ? Et son métier d’origine est-il menacé de disparaître avec la montée en puissance du numérique ? Entretien.

« Comment s’est passée cette mutation du journalisme au numérique ?

Dans les années 1995 et 1996, mes débuts dans le journalisme ont coïncidé avec le commencement du phénomène « internet » en France… Et j’ai basculé vers quelque chose de plus technique.

Peut-on dire aujourd’hui que vous êtes encore journaliste?

S’il est vrai que dans mes activités professionnelles quotidiennes, je m’occupe plus des projets numériques et de la refonte du site internet de l’Esj, il n’en demeure pas moins vrai que je garde encore en moi ma qualité de journaliste. Par exemple, en écrivant des articles sur le blog du département numérique (https://numerique.esj-lille.net).

Pour revenir à vos activités professionnelles à l’Esj, quel est l’apport du pôle numérique au journalisme ?

Il fait justement l’intercession entre les deux : comment utiliser le journalisme dans le cadre du numérique?  Aujourd’hui, le journaliste doit réinventer son propre métier, en prenant en compte le numérique. Avec la montée du numérique, avec les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, le journaliste n’est plus le passage obligé de l’information.

Cela pourrait donc faire disparaître ce métier ?

Non. Au contraire. Plus il y a d’informations qui circulent, plus il y aura besoin du journaliste pour faire de la médiation, du décryptage, de la pédagogie. Je ne vois pas les radios, la presse écrite disparaître mais elles doivent se réinventer en tenant compte du numérique et en proposant des reportages et des interviews plus poussés, des reportages photos, etc. »


Lituma au liboke, appât culinaire de Kisangani

Kisangani, troisième ville de la République Démocratique du Congo, est aussi bien réputée par son histoire (entre autre fief de Patrice Emery Lumumba, artisan de l’indépendance nationale) que la qualité de sa cuisine.

Attention aux touristes qui veulent se rendre dans cette ville ! Vous risquez d’y élire carrément domicile. Rassurez-vous, vous ne serez pas enlevés ou pris en otage. Loin de là. Vous allez vous même réfuter l’idée de repartir. En effet, lorsque vous vous faites inviter par une Boyomaise, entendez une demoiselle de Kisangani, au menu, il ne manquera pas de lituma, ces bananes plantains bien pilées dans un mortier après qu’on les a fait bouillir quelques. Ensuite, la Boyomaise forme des boules avec de la pâte ainsi obtenue.

Parallèlement, elle s’active en même temps à cuisiner le liboké de poisson pour bien accompagner ce lituma. Après qu’elle a enlevé les écailles de notre poisson, elle le coupe en morceaux et le lave dans une eau tiède. Puis elle le met dans une casserole dans laquelle viennent s’ajouter des épices, des légumes (tomates, oignons, piment) et surtout du  kokoliko, rien d’autres que la poudre de la courge, qui donnera un goût délicieux à la recette. Sous forme d’une papillote, des feuilles de bananiers sont arrangées pour accueillir le poisson et sa suite. Ils sont ainsi emballés dans un paquet et déposer sur un barbecue chaud.

Après 30 à 45 minutes, votre plat est servi… Vous mangez et vous n’en reviendrez pas. Et vous en redemanderez. Encore et encore. Mieux, vous y restez. Une autre vie commence avec sa Boyomaise à ses côtés. Lituma et liboké assurés !



Ses premières heures au Nord

Dimanche 4 juillet 2010. Il est environ 13h30 lorsque SN Bruxels atterrit à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulles de Paris.

Quelle imposante infrastructure ! »

En descendant de l’avion. Comme tous les passagers, il entre dans le bus qui nous conduit au terminus 1 de l’aéroport parisien.

Stress et émerveillement l’accompagnent désormais. Stress parce qu’il lui faut trouver,  seul et surtout à temps, la voie par laquelle il doit passer pour arriver au terminus 2 de ce labyrinthe. C’est là justement qu’il doit retirer mon billet de train pour rejoindre Lille. Mission presqu’impossible pour ce jeune congolais qui débarque pour la première fois en France. Emerveillement, parce que la modernité et l’immensité du lieu n’ont rien à voir avec tout ce que ses yeux avaient vu jusqu’ici dans son pays. Pas de doute possible, il est bien dans un de plus grands aéroports du monde.