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Africain au Nord
21. avril
2012
Mes découvertes
0

Chut ! On ne tweete pas les résultats avant 20 heures

Interdiction de toute forme de publication, de diffusion, de commentaire de sondages, « par quelque mode que ce soit », la veille et le jour du scrutin, jusqu’à la fermeture des derniers bureaux de vote en métropole. Nous ne sommes pas au Togo, encore moins au Congo. Non, rassurez-vous. C’est le parquet de Paris qui parle !

Elle ne serait donc pas avancer que ça, la France. D’où je viens, les mesures sont plus drastiques, c’est vrai. On suspend carrément le service des SMS pour éviter la diffusion des résultats du vote avant la publication officielle. Et ça dure des semaines !

Mais, quelle différence avec la France qui menace les médias et les individus lambda qui seraient tentés de diffuser les résultats avant 20 heures ? Des résultats qui – je le rappelle – seront déjà disponibles dans les états-majors des partis, les instituts de sondage ce dimanche à partir de 18 heures 30.

Où est la ratio legis ?

Ici, ce musellement des médias, on le désigne par des termes plus sympa : « le fondement démocratique de l’élection», me dit-on. « Une volonté du législateur de 1977 de permettre que le dernier électeur à se présenter dans un bureau de vote ait les mêmes informations que le premier.» C’est bien beau.

Seulement voilà, depuis 1977, les choses ont changé. Les nouveaux médias sont arrivés et cette loi paraît inadaptée à la nouvelle donne. Déjà, les pays voisins de l’Hexagone ne se priveront pas de rendre public les résultats de la présidentielle française avant la messe de 20 heures. RTBF par exemple a déjà annoncé qu’elle dévoilera les résultats du scrutin à 18 heures 30.

La #RTBF ne comprend toujours pas en quoi la loi française pourrait s’appliquer à un média belge #Elysee

— TwitPolitique (@TwitPolitique) Avril 20, 2012

Sur les réseaux sociaux, pas sûr non plus que les twittos obtempèrent. Certains ont commencé à mettre en place le dispositif Radio Londres. Une chose est sûre : on va bien rigoler ce dimanche sur twitter, facebook et autres. Mais, chut ! @Tresor_k ne tweetera pas non plus les résultats avant 20 heures ! Rendez-vous sur les ondes de #RadioLondres.

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12. oct.
2011
Mes découvertes
4

Où est passé l’Africain au Nord ?

Cinq mois sans vous raconter mes rencontres, mes découvertes, encore moins mes souvenirs, sous ma casquette d’Africain au Nord. Certains parmi vous s’inquiètaient déjà, craignant la fin de cette aventure. Non, je ne suis pas prêt à vous lâcher, me revoilà ! C’est la rentrée d’un Africain au Nord.

Pas d’excuse pour justifier ce long silence. Tellement il y a eu des choses à raconter, des histoires étranges à partager avec vous. Une vérité s’impose : si je n’étais plus actif sur ce blog, c’est surtout parce que j’étais plongé, ces derniers temps, dans une autre dynamique. Stage d’été oblige.

Un stage qui m’a fait voyagé un peu partout, tout en restant sur place, dans mon poste de travail à Paris. Un premier saut à Kinshasa, capitale de mon pays, où des zones d’ombres persistaient après le verdict dans le procès Chebeya, ce militant des droits humains retrouvé mort dans sa voiture, début juin de l’an dernier, au lendemain d’un rendez-vous auquel le général John Numbi, inspecteur de la police nationale congolaise l’avait convié.

Puis, j’ai bougé – virtuellement – à Madagascar pour constater que la Grande Île s’éloignait de ses élections de saison sèche ; au 17e sommet de l’Union africaine à Maputo pour tenter de comprendre pourquoi cette organisation avait du mal à lâcher Mouammar Kadhafi ; à Caracas – qui commémorait cette année son bicentenaire – pour mesurer l’influence d’Hugo Chavez, « l’homme-providence », sans qui le Venezuela ne tourne pas. La sécheresse dans la partie de la Corne de l’Afrique, l’affaire des écoutes en Grande-Bretagne qui a secoué la firme de Rupert Murdoch, le sort de Laurent Gbagbo, un reclus difficile à approcher, ne m’ont pas laissé non plus indifférent. Comme plein d’autres sujets.

Entretemps, l’idée d’un site Internet a germé et congolol.net est né. Une revue multimédia du web congolais que je viens de lancer pour rassembler vidéos, sons et photos de l’actualité congolaise sous toutes ses dimensions et les présenter dans des formats plus adaptés, avec un brin de désillusion et d’humour.

A très vite, pour les rencontres, les découvertes et les souvenirs d’un Africain au Nord. Oui, c’est la rentrée.

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01. mai
2011
Mes rencontres
6

« Moi veux partir à Lille mais pas ticket »

Train (Katkamin/Flickr/CC)

Comment se déplacer d’une ville à une autre de la France lorsqu’on est immigré ? Immigré européen dans une « situation irrégulière », travaillant dans le noir et sans domicile. C’est l’histoire d’un Roumain que j’ai croisé ce matin à la Gare du Nord à Paris.

Destination Lille. Moi, j’ai mon titre de voyage, lui, il n’en a pas. Il ne sait même pas où il va crécher une fois arrivé là-bas. Son seul espoir : le 115. Même s’il ne sait pas non plus ce que c’est. Yeux braqués sur les instructions collées sur une cabine de téléphone fixe France télécom, mais il tente de comprendre à quoi il sert, ce numéro.

Il m’aborde alors, car je suis debout à côté de lui, en train d’attendre mon train. « Si j’appelle le 115, eux donner moi où dormir ? ». Sa question m’intrigue. Je m’y attendais le moins du monde. Car, mon interlocuteur est bien habillé, avec un air jovial. Peut-être que j’ai mal compris sa question. Je m’approche et il poursuit : « Je suis Roumain, moi veux partir à Lille, mais pas ticket, pas maison là-bas ». Apparemment, mon ami pose plusieurs problèmes à la fois. Le 115 ? Possibilité de voyager sans ticket ? Comment dormir et manger à Lille ? J’essaie donc de recadrer la discussion. Une question après une autre pour bien nous avancer.

  • Vous voulez savoir si en appelant le 115, vous aurez un endroit où dormir. C’est bien ça ?
  • Oui et eux donner moi à manger aussi ?

Ok. J’ai compris : plus je demande une explication à sa question, plus des questions s’ajoutent. Alors, autant tenter de commencer à répondre tout de suite. Pour avoir enquêté sur la situation des Roms lors de la mise en place du plan hivernal en décembre dernier, je lui explique ce que je sais de ce fameux « 115 » : un numéro gratuit à appeler, en cas d’urgence, pour les sans abris. Je lui confirme que le 115 pourra bien lui informer sur l’hébergement d’urgence, les accueils de jour, l’accès aux soins, voire l’aide alimentaire.

L’exploitation de l’homme par l’homme ?

Il me remercie et me fait savoir qu’il doit d’abord arriver à destination avant d’appeler le 115. Logique. Mais, son problème demeure : comment arriver à Lille ? Il n’a pas pris son ticket, mieux son budget ne lui permet pas d’en acheter un. Il m’explique qu’il est en France depuis une année et il bosse…dans le noir.

Moi travailler dans la menuiserie. Patron me promet 50 euros par jour, mais quand faut payer, la police arrive. Ici, beaucoup de travail, beaucoup d’argent, mais patrons mauvais »

Mon ami Roumain se lâche. Il me confie qu’il est exploité et qu’il n’en peut plus. Toute sa famille restée en Roumanie compte sur lui. Mais, à part la nourriture et une place pour dormir dans le sous-sol de l’usine, son patron ne lui donne rien ou presque. « Moi, même 100 euros par semaine me suffisent mais lui veut pas. C’est pourquoi, moi veux partir. » Quitter Paris pour Lille, sans viatique, espérant qu’au Nord, il tombera sur de bons patrons.

Mon train arrive. Notre train plutôt. Nous nous avançons. J’admire son courage. Je me demande comment il compte s’y prendre. Des contrôleurs sont devant nous. Je présente mon billet et je passe. Derrière moi, il est stoppé. Son rêve d’atteindre le Nord s’arrête. Retournera-t-il vers son patron parisien pour continuer à être exploité ? A-t-il vraiment le choix ?

Photo : Train (Katkamin/Flickr/CC)

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16. mars
2011
Mes rencontres
7

L’Africain, le boudhiste et la malaria

Cinq préceptes du Bouddhisme au peigne fin. Si les quatre suivants passent, le premier a du mal à passer. Surtout pour un Subsaharien. Et pour cause : la malaria. Comment concilier la lutte contre cette pandémie et le premier précepte du bouddhisme : s’abstenir de ne pas nuire aux êtres vivants ni prendre la vie ? J’en ai longuement débattu avec Richard Xavanna, moine laotien à Roubaix.

« Une vie, ça vaut une vie », tranche Richard Xavanna, 61 ans, moine de l’association bouddhiste laotienne du Nord. Le débat a trop duré. Pas d’issue possible. Tellement, je n’arrive pas à saisir le sens de ce premier précepte. Surtout son extension même aux insectes foncièrement nuisibles. Comme les moustiques, responsables du paludisme dans les pays du tiers-monde. Comment comprendre que le Bouddhisme soit si « tolérant » ? Tous les moyens d’éradication de ces insectes passent comme des transgressions du premier précepte !

Le moine me recommande de la pitié :

S’abstenir de tuer tout être vivant, premier précepte du Bouddhisme, nous renvoie à cultiver de la compassion, de la pitié vis-à-vis de l’autre. »

 

Moustique (JR Guillaumin/Flickr/CC)

C’est pour cette raison que même les « moustiques méritent d’être traités avec compassion. Car, poursuit-il, le fait qu’ils sucent le sang ne peut justifier qu’on les tue ». L’argumentaire du moine me paraît incompréhensible. Je me vois encore dans ma chambre à Kisangani, en République Démocratique du Congo. Insecticides et moustiquaires au menu le soir pour me protéger contre les piqûres des moustiques. Je refuse d’admettre que j’avais tort d’agir ainsi.

Alors, je passe à l’offensive. Je lui parle des chiffres :

Les moustiques causent la mort d’un à trois millions de personnes par an, soit en moyenne un mort toutes les 30 secondes. Et l’Afrique demeure le continent le plus touché. »

[youtube FEqEj3CibH0]

« Une vie, c’est une vie. Rien ne nous autorise à supprimer une vie », rétorque froidement mon interlocuteur. Il en profite pour me mettre en garde. Ma « prochaine vie » en dépend. Autant j’aurai tué, ne serait-ce que les moustiques, sur cette vie, autant je serai aussi tué dans l’autre vie. Vu mon casier judiciaire bourré d’assassinats des moustiques, j’ai trop de chance, ou de malheur, d’être un moustique dans « l’autre vie ». On est sur le terrain de la « réincarnation », cher aux Bouddhistes.

Apparemment, les chiffres n’ont pas convaincu le moine. Que dire de plus pour justifier mes mains sales ? Oui, j’ai tué plein de moustiques dans ma vie. Nouvelle tentative de persuasion : tous ces « homicides » étaient bien de bonne foi, non ?. Je lui sors alors mon joker : « Alors, la viande, vous en mangez ? » Sans tergiverser, il acquiesce. Mais, « c’est de la responsabilité du boucher ! », ajoute-il pour se justifier.

Bien trouvé ? Peut-être. En tout cas, bon compromis pour moi. Je n’ai jamais fabriqué ni moustiquaires ni insecticides. Je les utilisais juste pour me protéger. Comme j’achète la viande pour me nourrir. Sans violer le premier précepte de Bouddha. Je tente d’élargir l’exception mais ce n’est pas évident. Comment lutter donc contre la malaria en jouant « amis – amis » avec les moustiques ?

Photo : Moustique (JR Guillaumin/Flickr/CC)

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Article : Diaspora congolaise : pouvoir et musique dans le même sac ?
Mes découvertes
9
22 février 2011

Diaspora congolaise : pouvoir et musique dans le même sac ?

Un groupe de congolais de la diaspora assimile des artistes musiciens aux collaborateurs du régime en place en République Démocratique du Congo. Ils se nomment des « Combattants » ou des « résistants ». Leur mouvement parti de Londres, il y a quelques années, vient d’atteindre Paris. Ce weekend, Papa Wemba et  Werrason, deux vedettes de la musique congolaise, ont été les premiers à payer les frais.

A Bruxelles et à Paris, des centaines de Congolais sont descendus dans la rue, le samedi 19 février, pour réclamer le départ du président de la République Démocratique du Congo. Au rythme de « Kabila dégage », ceux de Bruxelles sont allés finir leur marche à quelques mètres du local de leur représentation diplomatique. Voir le reportage de Rtl.Tvi.

 » Kabila dégage ! »

A Paris, la marche de colère s’est transportée sur le terrain artistique. Pourtant, tout a commencé comme une manifestation classique contre le régime : dénonciation des violations  des droits fondamentaux, des viols, des assassinats, de la misère de la population, …et la réclamation de « la démission immédiate » de Joseph Kabila, l’actuel président de la République.

Puis, une partie de manifestants s’est rendue devant la salle Elysée Montmartre. Avec un seul objectif. Empêcher le concert de deux de grandes stars de la chanson congolaise moderne prévu dans la soirée. Résultat : concert de Papa Wemba et Werrason annulé. Sur des vidéos postées sur youtube, le ton de ces « combattants » de Paris est sans appel. « Il n’y aura plus de concert à Paris ». Ils accusent des artistes musiciens d’être à la solde du pouvoir. « Ils sont utilisés par Kabila pour nous distraire » affirme un de leur, « le colonel Odon ». Voir le reportage de Marc Tabu de Congonumber1.

L’artiste « n’est pas un politicien et n’a jamais créé un parti politique »

« Faux », on rétorque du côté des artistes. Sur le plateau de l’émission Karibu Variétés de ce dimanche 21 février à Kinshasa, un porte-parole de Werrason a rappelé que l’artiste « n’est pas un politicien et n’a jamais créé un parti politique ». A Paris, l’entourage du chanteur est passé à l’offensive sur le net. Des vidéos des « actions humanitaires » du leader du groupe Wenge musica maison mère circulent déjà à travers les sites d’actualité musicale congolaise et les réseaux sociaux. On voit l’artiste aux côtés des femmes violées à l’est de la République Démocratique du Congo.

Sur la toile, ça se discute.

Débat ouvert sur le site congobilili

Bikeko de Congobilili a ouvert, le dimanche, le débat. Pour lui, les choses ne bougeront pas au Congo en

« s’attaquant aux pauvres artistes » en Europe. Il est rejoint dans sa position par Bocamag qui s’interroge sur l’acharnement des « combattants » sur les artistes : « Pourquoi s’attaquent-ils aux musiciens ? Il y a nos ambassades en Europe. Il faut aller plutôt s’attaquer aux ambassadeurs, représentants du gouvernement ou aller manifester au pays comme le font les Tunisiens, les Egyptiens, … »

Bikeko

Autre son de cloche du côté de John Muluke. Un son de soutien à l’action des « combattants » :

« Empêcher le concert d’un musicien qui soutient et fait la propagande du régime actuel est un moyen utilisé pour attirer l’attention de l’opinion publique et envoyer un message au pouvoir de Kinshasa ».

John Muluke

« Comment peut-on chanter et danser pendant que nos mamans se font violer au Kivu et la misère ronge la population ? Ces musiciens devraient jouer le rôle de défenseurs de l’opinion publique par leurs chansons pour dénoncer l’injustice sociale »

avance V12

Le débat reste ouvert

Sont-ils pour autant des « collabos » ? Le débat reste ouvert. Et pourtant, doit-on le rappeler, les relations musiciens – politiciens ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis toujours, les artistes musiciens congolais chantent pour des politiques, sinon les « lancent des mabanga » (Traduisons avec Cédric Kalonji : Mabanga: littéralement «cailloux» en Lingala — un mot qui signifie en fait «louanges», car au Congo, «lancer des cailloux» c’est lancer des fleurs.). Un modèle économique de la musique congolaise.

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08. févr.
2011
Mes découvertes
9

Facebook : moteur des revendications sociales en Afrique ?

La page Facebook Révolution Tunisienne, le 7 février à 21h32

La Tunisie hier, aujourd’hui l’Egypte, demain peut-être l’Algérie, la Lybie, voire toutes les autres dictatures. Les mouvements sociaux se déclenchent ou se propagent désormais via les réseaux sociaux. A côté de Twitter, Facebook permet aux « cyber-révolutionnaires » d’organiser  des manifestations et de se passer des messages. Coup de projecteur sur certains groupes et pages Facebook.

91 993 personnes aiment ça. La page Facebook La Révolution Tunisienne continue à prendre de l’ampleur. Créée 48 heures après la fuite du président Ben Ali, cette page rassemble photos, vidéos et messages de soutien à la révolution de jasmin pour qu’elle « ne s’étouffe pas dans l’œuf ». Hier soir, le  wall de La Révolution Tunisienne appellait à un « sit-in devant le parlement de Bardo » le lundi 7 février pour réclamer notamment « la dissolution immédiate de la chambre des députés et des conseillers » et « la démission du premier ministre Mohamed El Ghannouchi ».

Egyptiens de Luxembourg, Clausen, le 5 février (gwenflickr/Flickr/CC)

En Egypte, la vidéo d’Asmaa Mahfouz sur YouTube se compte parmi les petits éléments déclencheurs de la révolte sur la Place Tahrir. Le message courageux de la jeune égyptienne de 26 ans a très vite circulé à travers les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. Des Egyptiens sont descendus dans la rue et continuent à faire entendre leur voix. Depuis plus de 14 jours déjà, des milliers des manifestants crient : « Moubarek dégage ! » (Voir le portfolio sonore)

Les limites. De son côté, le « guide de la révolution libyenne », Mouammar Khadafi, ne craint pas les « révolutions Facebook » qui secouent le Maghreb. Des mesures drastiques ont été prises depuis bien longtemps. L’accès à YouTube a été bloqué dès le début de l’année passée, à côté de plusieurs autres mesures de musellement des médias indépendants. Les « cyber-révolutionnaires » libyens, s’ils n’osent pas encore réclamer le départ du « guide », mènent, timidement, quelques actions sur la toile. We want YouTube unblocked in Libya , la page Facebook créée pour la cause ne compte aujourd’hui que moins de 200 membres.

Si les « révolutions Facebook » font bouger le Maghreb, elles traînent encore à glisser plus au sud du continent africain. Le vent de la révolte populaire déclenchée par l’internet n’a pas encore soufflé sur l’Afrique subsaharienne, pourtant non épargnée par des régimes totalitaires. Un petit tour sur le réseau social de Mark Zuckerberg dévoile tout de même le rassemblement des Africains de cette partie du continent sur des pages/groupes thématiques.

Jeunes correspondants de l'Avenue 225 (Yoro/Avenue225.com)

Israël Yoroba partage textes, photos et vidéos du vécu quotidien des Ivoriens sur une page Facebook dédiée à l’Avenue 225. Un site d’informations conduit par des jeunes bénévoles motivés par un seul but : montrer « la facette de la Côte d’Ivoire qu’on ne présente pas toujours ». Sa page Facebook a déjà dépassé la barre de 8 500 personnes (qui aiment ça).

2 663 Congolais ont rejoint la page Facebook RD Congo : pour la double nationalité des Congolais d’origine.  Composée essentiellement des Congolais de la diaspora, cette page Facebook leur sert pour faire connaître leurs revendications. Un de leur initie en ce moment une pétition pour demander au pouvoir de Kinshasa de reconnaître le droit de vote aux  Congolais ayant acquis une  nationalité étrangère.

Les « rois » des pays africains sont donc prévenus. Le peuple a trouvé un allié : Facebook. Un de réseaux sociaux qui lui facilite la mobilisation et la diffusion de ses desiderata. Abraham Lincoln avertissait déjà en son temps :

On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. »

Photos : Egyptiens de Luxembourg, Clausen, le 5 février (gwenflickr/Flickr/CC)/Jeunes correspondants de l’Avenue 225 (Yoro/Avenue225.com)


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24. janv.
2011
Mes découvertes
8

Un Africain à Auschwitz, Birkenau et Majdanek

Entrée du camps de la mort à Auschwitz avec son enseigne « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).

Je reviens d’une visite de quatre jours dans les camps de concentration nazis en Pologne. Une visite organisée par l’association Mémoire et vigilance des lycéens à laquelle étaient conviés 28 étudiants de l’Ecole de journalisme de Lille et 21 lycéens de l’Ecole internationale L’Ermitage. J’y ai vu la main du diable.

« Qu’on se batte en Afrique, c’est normal…Nous, nous sommes des sauvages. Mais vous, les civilisés, pourquoi vous vous êtes battus ? 1914-1918, 1940-1945, Hiroshima, Nagasaki, chambre à gaz, bombardement, mine antipersonnel qui coupe les jambes des enfants, … C’est ça la civilisation ? ». Certes, cette question de Pie Tshibanda interpelle. Mais, Je n’y répondrai pas. Elle ne m’était pas destinée d’ailleurs.

[youtube rHKti9OMzSk]

Par contre, moi aussi, j’ai eu un professeur d’histoire au collège (chez moi, les « collèges » désignent les établissements scolaires conventionnés, souvent catholiques ou protestants). Je me souviens qu’il nous avait aussi parlé des guerres mondiales. A la va-vite malheureusement à l’image de la vidéo ci-dessus. Sans s’attarder sur la chambre à gaz par exemple. Je ne me souviens même pas avoir entendu le mot « Shoah » à l’école.

Après avoir commencé à exterminer méthodiquement les Juifs dans des centres d’extermination spécialement construits, les Nazis déportèrent les Juifs par voie ferrée et, lorsque des trains n’étaient pas disponibles et que les distances étaient courtes, par marche forcée ou par camions. Pendant l’année 1941, les Nazis décidèrent d’appliquer la « Solution finale », c’est-à-dire le meurtre systématique des Juifs de tout le continent européen.

C’est seulement en me rendant, aujourd’hui, dans trois camps de concentration nazis à Auschwitz, Birkenau et Majdanek que je me suis rendu compte de l’ampleur de l’horreur. De la catastrophe. Difficile à m’imaginer toutes ces infrastructures construites pour déshumaniser son prochain avant de le liquider ! Toute une industrie de la mort.

Le camp Auschwitz-Birkenau comptait le plus grand nombre de prisonniers. Le camp comportait plus d’une douzaine de sections séparées par des fils de fer barbelés électrifiés et, à l’instar d’Auschwitz I, il était surveillé par des gardes SS, et notamment, après 1942, par des maîtres de chiens SS. Il contenait également les installations d’un centre d’exécution. Le camp joua un rôle essentiel dans le plan allemand d’élimination des Juifs d’Europe.
Des trains arrivaient fréquemment à Auschwitz-Birkenau, bondés de Juifs provenant de pratiquement tous les pays d’Europe occupés par l’Allemagne ou les alliés de l’Allemagne. Des convois arrivèrent de 1942 à la fin de l’été 1944. Le nombre approximatif de déportés par pays est le suivant : Hongrie : 426 000. Pologne : 300 000. France : 69 000. Pays-Bas : 60 000. Grèce : 55 000. Bohême et Moravie : 46 000. Slovaquie : 27 000. Belgique : 25 000. Yougoslavie : 10 000. Italie : 7 500. Norvège : 690. Autre (y compris les camps de concentration) : 34 000.

Pourtant, je connais la guerre et j’ai vu des morts. Je pense notamment à tous ces corps sans vie qui jonchaient encore les rues de Kisangani après six jours d’affrontement entre deux armées étrangères dans ma ville natale. Je pense aux violences sexuelles utilisées comme armes de guerre à l’est du Congo. Je pense à l’opération « manche longue ou manche courte » des hommes de Froday Sankoh en Sierra Léonne. Je pense aussi au génocide rwandais de 1994. Je pense enfin à des millions des morts de la guerre oubliée dans mon pays d’origine.

[youtube aD_kkrRbg9M&feature=related]

Mais, jamais, jusqu’ici, je pouvais penser que l’homme pouvait aller jusque là. Des récits des témoins de ces horreurs m’ont troublé. A Auschwitz par exemple, j’ai vu toutes ces béquilles et prothèses des juifs assassinés, puisque jugés inaptes. Aux plus aptes, les nazis avaient prévu famine, travaux forcés et chambre à gaz avant de les réduire en poussière dans les fours crématoires. Ni vu ni connu. Tout a été soigneusement pensé…par l’homme ?

Le médecin S.S. commencait à sélectionner ceux qui lui paraissaient aptes au travail. Les femmes en charge de petits enfants étaient en principe inaptes, ainsi que tous les hommes d’apparence maladive ou délicate. On plaçait à l’arrière des camions des escabeaux, et les gens que le médecin S.S. avait classés comme inaptes au travail devaient y monter. Les S.S. du détachement d’accueil les comptaient un à un. Ils étaient par la suite assassinés.
Les baraquements « sanitaires » étaient ouverts deux fois par jour : le matin et le soir. Pas de papier-toilette. Pas d’intimité. Les uns à côté des autres, les déportés étaient contraints à faire leurs besoins. Des fois, une cigarette suffisait pour corrompre les gardiens. Ces baraquements servaient aussi tantôt comme « radios-chiottes », lieux de troc entre détenus, tantôt comme un lieu pour se chauffer grâce à la chaleur dégagée par les matières fécales.

A Majdanek comme à Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp d’extermination des juifs, les traces de l’horreur sont encore visibles. La route de la mort. Les ruines de certains baraquements. Les chambres à gaz. Toute cette architecture conçue pour perpétrer des assassinats me bouleverse. Mais, un message gravé sur les bétons interpelle : « Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement ».

Des ruines des chambres à gaz de Birkenau. Les chambres à gaz pouvaient recevoir près de 1 440 personnes pour les plus grandes et 768 personnes à la fois pour les plus petites. Une salle dotée d’une installation sanitaire factice, laissait entrevoir une trappe sur le toit d’où le zyklon B était jeté par des gardes. Les corps étaient ensuite brûlés dans les crématoires contigus. C’était la mission du Sonderkommando choisi parmi les prisonniers. Vers la fin de la guerre, alors que les crématoires tournaient à plein régime, les nazis tuèrent encore plus et brûlèrent les corps dans des fosses.

Au total, « six millions de femmes, d’hommes et d’enfants ont été tués dans des conditions abominables uniquement pour ce qu’ils étaient : des Juifs. Non pour ce qu’ils avaient pu faire » m’explique Jean-Pierre Affali, membre du bureau exécutif du Crif.

J’ai visité les camps de la mort. Je suis rentré mais j’y suis encore. Je ne comprends toujours pas. Comment l’homme est-il arrivé là ? Non, ce n’est pas l’homme. Le diable est passé par là…

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13. janv.
2011
Mes rencontres
1

Réveillon chez les « diaspora »: ça sent l’Afrique !

La danse du cheval "punda" exécutée par la diaspora

Communautarisme ou souci de retrouver l’ambiance africaine ? Cette question m’est venue vite à l’esprit lorsque mon oncle m’a proposé d’aller fêter le réveillon avec les autres Congolais vivant au Danemark. J’ai donc accepté la proposition pour trouver la réponse à mon interrogation.

A la congolaise

Les Congolais de Danemark sont venus de Randers, Aarhus, Skive, Aalborg, Skanderborg, Vejle ou Odense. Et ils se sont fixé rendez-vous à Viborg. A 75 DKK, environ 10 €, le tarif ne pouvait pas décourager les « invités ». Surtout lorsqu’on vient d’Afrique, mieux encore du Congo. Un pays où tout se marchande, même les permis de conduire, les impôts et taxes…malheureusement !

Du froid polaire à la chaleur africaine, il n'y avait qu'un pas.

« Tiens, voici 200 DKK pour trois personnes. » Le marché est conclu. Me voilà dans la salle de réveillon. A peine arrivé, je me sens en Afrique. Et pourtant, je suis en Scandinavie. Il ne fait plus froid. Les relations humaines sont intenses, chaleureuses et vivantes. Les gens se parlent avec convivialité.

A minuit, le réveillon démarre véritablement par les chansons religieuses. Ils sont restés croyants même s’ils vivent dans une société où la foi appartient à une autre époque. Chants de louange et surtout danses à la gloire du Seigneur accompagnent ces premiers moments de la soirée. Rien à voir avec l’ambiance des églises européennes. Où tout est calme comme dans les messes de requiem en Afrique.

Des retrouvailles et des nostalgies

Certains ne s’étaient plus revus depuis le réveillon de l’année dernière, d’autres ne se sont jamais croisés. Par la magie d’une soirée en communion, ils se retrouvent. Autour d’un verre, au rythme de la musique congolaise dans tous ses états. Du folklore à la musique congolaise moderne. Mais aussi de la RNB et de l’Hip-hop. Mondialisation oblige.

[youtube bEs3JlS65mk]

Echange des numéros de téléphones. Partage des nouvelles. On se raconte ce qu’on est devenu. Des frères restés en Afrique qui ne cessent d’implorer qu’on les fasse venir au nord. Des affaires entamées au pays mais qui n’ont pas marché. « Ils pensent là-bas qu’ici, nous cueillons de l’argent comme des feuilles sur un arbre » ironisent-ils

Pour beaucoup, belle opportunité pour reprendre contact

Plus loin, des nostalgiques. La « femme africaine » leur manquerait-elle ? Apparemment, non. Certains ont épousé des Africaines, des Congolaises. D’autres vivent avec les Européennes. Mais, presque tous ont le même « problème ». Un vide. « Je préfère rentrer au pays et ne pouvoir plus revenir au Danemark parce qu’une femme m’en empêche. Cette femme qui te soigne. T’enlève délicatement la chemise quand tu rentres du boulot. Te glisse les pieds dans un bassin d’eau tiède, … » radote un d’entre eux. On dirait que les femmes occidentales n’atteignent pas toutes leurs attentes. On dirait aussi que les femmes africaines en Europe s’occidentalisent…Je dirais juste la femme !

Solidarité au rendez-vous

Brutalement, la musique s’arrête. Les conversations aussi. Fin de la soirée ? Non. On annonce qu’il y a un message important. En lingala, un des organisateurs de la soirée prend la parole. Pendant près de 5 minutes, il appelle toute la communauté congolaise de Danemark à cotiser pour financer les frais de funérailles d’un compatriote décédé. « Si vous ne le faites pas, il sera incinéré…Vous savez que ce n’est pas dans nos mœurs. Nous, on enterre nos morts » argumente-il. Pratiquement comme en Afrique. Des cotisations lors des funérailles. Finalement, tout durant cette soirée de réveillon, alors tout me rappelait l’Afrique. J’étais à la maison. Chez moi mais ailleurs.

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22. déc.
2010
Mes découvertes
1

Grand froid pour les uns, pas encore assez pour les Roms ?

Les premiers jours du grand froid au campement des Roms

Lille a atteint le niveau 3 du plan hivernal le mardi 30 novembre dernier. Insuffisant pourtant pour mettre tous les nécessiteux dans le même panier. Des Roms devraient encore attendre. Au lancement du dispositif hivernal d’hébergement, pas des places disponibles pour les héberger. Avec les moyens du bord, ils sont obligés de lutter contre le froid dans leurs caravanes. Visite guidée dans la cabane de Telas à Villeneuve d’Ascq.

Pas de place au chaud pour les Roms

La fumée de la cheminée pollue l'air dans la cabane et provoque notamment la toux auprès des enfants

Les Roms ne se font pas d’illusions. Ils ne seront pas prioritaires. A côté de l’Ecole de l’architecture et de paysage à Villeneuve d’Ascq, chaque résidant du campement se débrouille pour réchauffer sa caravane. Des cheminées montées avec les moyens du bord laissent échapper des fumées noires au dessus du toit.

A l’intérieur, le feu est alimenté par de petits morceaux de bois. Le froid s’éclipse. Il fait chaud mais l’air est pollué par la fumée. Cherchant à se mettre à l’abri du froid, ils s’exposent à d’autres problèmes de santé.

Telas, 24 ans, mère de quatre enfants, m’accueille dans sa cabane. Elle y a installé le même dispositif. Dans un français approximatif, elle me raconte qu’elle n’a pas d’autres choix pour lutter contre le froid. « Pas de gaz, pas de chauffage, comment faire … ».

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Mais, ce sont des enfants qui payent, les premiers, le lourd tribut. La toux frappe déjà deux d’entr’eux.

L’extrême froid s’installe

Le froid enferme aussi les Roms dans leurs cabanes

Pour rappel, Jean-Michel Bérard, le préfet du Nord, a déclenché le niveau 3 du plan grand froid le mardi 30 novembre dernier. Des températures en dessous de la barre de – 7 °c attendues avaient motivé cette décision.

Stéphane Covert, responsable adjoint au service de la protection civile de la préfecture du Nord, a rappelé que ce niveau 3 visait:

à renforcer les capacités d’accueil, d’hébergement et d’insertion ; à poursuivre la mise en œuvre d’un plan renforcé pour les sans abri et renforcer la veille sociale ».

Nous sommes en France. Les hommes habitent ici en hiver.

Officiellement donc, près de 380 places d’hébergement devront être mises à disposition, même si « à ce jour, 86 % de ces places sont occupées ».

Pas encore assez pour les Roms

Pour l’instant, nous n’avons pas les moyens suffisants pour accueillir les familles roms. Il faudrait attendre peut-être le niveau 3 du plan. Nous n’avons pas reçu d’indications contraires. Nous appliquons encore le niveau 2 », m’a expliqué au téléphone, début décembre, Jérôme Rybnsky de la CMAO/Lille (coordination-mobile-accueil-orientation), fer de lance de la mise en œuvre du plan grand froid.

Il a fallu attendre près de deux semaines pour rectifier les tirs. «  On peut dire qu’il y avait une forme de discrimination dans cette mise en sécurité hivernale » vient de reconnaître le préfet du Nord.  Les Roms devront avoir aussi des places d’hébergement d’urgence en cas de grand froid. Deux gymnases ont été ouverts la semaine dernière dans la métropole lilloise à Haubourdin et Lambersart. Encore faut-il que les Roms aussi accepter de quitter leurs caravanes…

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Auteur·e

L'auteur: Trésor Kibangula

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