Dorian Demarcq, artisan d’art : toute une histoire avec les géants !

22 août 2010

Dorian Demarcq, artisan d’art : toute une histoire avec les géants !

Sculpture grotesque en apparence, chaque géant occupe une place de choix dans la vie communautaire. Même Dorian Demarcq ne peut en réclamer la paternité. La commune ou la région s’identifie à son géant. Mais, l’histoire de l’artisan avec ses créations continue autrement, au-delà de l’atelier de fabrication.

« Le géant est un vecteur du lien dans une communauté » affirme, sur un ton tranquille, Dorian Demarcq. Depuis 1999, ce lillois crée et restaure les géants de la France et de la Belgique. Visiblement, l’artiste s’efforce à prendre ses distances avec ses œuvres. Pourtant, ces dernières le poursuivent partout. Les géants ne se contentent plus de l’atelier qui leur est destiné au rez-de-chaussée de cette maison sise rue Paul Lafargue, au quartier de Wazemme. Ils montent l’un après l’autre les escaliers et envahissent le salon. Difficile de faire la distinction entre lieu de travail et espace privé chez Dorian.

« Il faudrait que chacun trouve un rôle dans la conservation de géant »

C’est sous le visage figé de Madame Goliath, épouse du célèbre géant, que la famille Demarcq vit au quotidien. Le regard péremptoire de ce géant de la Ducasse d’Ath dont la naissance remonte à 1715, contrôle tous les coins et recoins de l’habitation.  En cette période d’été, les deux enfants de Dorian et son épouse sont partis en vacances dans le Sud. La baraque prend vite des allures de cimetière d’objets en carton pâte coloré, au point d’envouter même son propriétaire.

Toujours en mouvement, debout, rarement assis, des cigarettes se succèdent l’une après l’autre dans sa bouche. On pourrait penser que Dorian cherche à éviter le regard croisé de Madame Goliath pour nous faire ses confessions intimes mais non. Au contraire. « Je suis dérangé lorsque je vois des géants sales lors de certaines sorties parce que les gens n’en prennent pas soin. C’est pourquoi, avant de vouloir un géant pour sa commune ou sa région, il faudrait prendre le temps de réfléchir et que chacun trouve un rôle à jouer dans la conservation de ce géant » suggère, en bon défenseur, Dorian aux associations locales qui veulent reconstituer leur patrimoine culturel.

C’est cette dimension participative de la communauté locale qui le retient dans le monde des géants jusqu’à ce jour. « Le principal, c’est la rencontre avec les gens et leur démarche à se constituer en association pour promouvoir leur géant. Ensemble, nous participons à un projet de conception en définissant en amont la forme du géant. On se documente, on fait des études, des fouilles historiques pour que le géant ait tout son caractère identitaire » explique Dorian.

Confiant, l’artisan s’estime passionné par son métier. Un métier auquel il n’était pourtant pas attiré au départ. Aujourd’hui, il y est entièrement malgré toutes les exigences de ce travail.

« On doit toujours prendre ses distances et persévérer. La construction des géants doit rester traditionnelle car beaucoup de choses sont à conserver et à transmettre aux générations futures. Sinon, les communautés ne s’identifieront plus à leurs géants » prévient-il, avec son air toujours décontracté.

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Commentaires

Flavien
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J'ai envie de dire merci à Dorian pour le travail qu'il a choisi : celui de s'occuper de la création et de la restauration des géants. S'il est modeste, nous le reconnaissons le statut de géniteur de nos géants.

Merci Dorian